jeudi 11 février 2016

Québec le retour, épisode 3: "Chez Tom"





La fatigue est bien présente en cette fin de semaine! C’est passé trop vite, on commençait juste à s’habituer au rythme effréné de la pêche du Musky.
En France la pêche big-bait est pratiquée depuis seulement quelques années et le matériel commence à peine à être vulgarisé tandis qu’ici c’est monnaie courante. Pour un pêcheur de Musky, c’est normal de jeter des leurres de plus de 200gr à longueur de journée.
Sur la route on se raconte nos meilleures sensations vécues sur le bateau de Sam. Avec un brin de nostalgie on quitte ce monde hostile mais tellement excitant pour de nouvelles aventures.


C’est chez Thomas, Français expatrié, pêcheur aux leurres mais surtout à la mouche qu’on va passer quelques jours. Vous pouvez le trouver au magasin "l'ami du moucheur" à Trois-rivières. Il se fera un plaisir de vous renseigner sur tout ce qui touche à la pêche et franchement ils ont du matos mouche dans tous les sens c'est même possible de se faire livrer; bref des pros!
Cette fois-ci pas de bateau. C’est du bord qu’on va arpenter les rivières du coin !  Comme partout dans ce pays les spots de pêche nous entourent, il y en a par milliers ! Heureusement Thomas nous aiguille pour ne pas trop perdre de temps. D’ailleurs en parlant de temps la météo foireuse nous a suivis… Les températures sont assez fraîches et la pluie a fait monter les cours d’eau. Rien de très bon mais les paysages sont juste magnifiques et l’ambiance excellente !




Pour ce premier jour nous sommes accompagnés de Vince, un pote de Tom avec qui nous allons tenter de débusquer du bass à petite bouche dans les rapides d’une rivière légèrement en crue.
Il nous faut marcher quelques minutes avant d’arriver sur une grande berge bien végétalisée. On se fraye un chemin comme on peut jusqu’à ce qu’une petite rivière nous barre la route. Pas de souci on est en waders et Tom qui connait bien le coin passe devant, pause un pied puis plouff on le regarde s’affaler comme une m…. Il se relève aussitôt et nous laisse exprimer notre joie ! Ça commence vraiment bien ! J'vous l'avais dis ; avec Thomas on rigole bien !


Il y avait un trou sur ce ruisseau, un seul… Après avoir essoré son sweat on continue notre périple ; la rivière est belle et ce paysage typé « grands espaces » me plait bien.






Au final le reste de crue et l’eau froide auront bien calmés l’activité des bass. Pas une touche ; rien. Alors que faire?? On ne peut pas rester sur un échec et d'un coup de tête on décide d'aller acheter des vers de terre pour se faire une session "pêche d'un ponton de nuit accompagnée de son duo pizza/bières".
L'idée nous fait bien délirer et le spot est carrément pénard. Ça rigole fort et malgré le froid on vit cette soirée à 200%! 
Dans le fleuve st Laurent on peut prendre plein d'espèces différentes aux vers et ça sera le cas: perchaudes, gobbies, perches blanches, barbus et esturgeon!!! Cerise sur le gâteau, on se fera livrer des bières et des pizzas (accompagnées de frites là-bas...)! Merci encore à la copine de Thomas!!!



Bien plus tard chez Tom on fait le point sur la journée et on conclut qu’il nous faut trouver des milieux plus stables, qui ont moins subis le coup de froid et les crues. Le lendemain ce sera donc prospection sur des spots à « grande bouche ». Ce poisson on le connait bien mieux et avec le cossec nous préparons minutieusement notre boîte de leurres avant un bon gros dodo salvateur !


Le lendemain, c'est bien trop tôt que le réveil sonna mais nous n'avons pas une minute à perdre! On saute dans nos chaussettes!! Yatta les grandes bouches!!! On arrive!!!
Une fois sur place nous sommes abrités du vent, il fait bon et je monte un spinner. J'ai pêché cette zone l'année dernière et j'y crois! Premier lancer, je laisse descendre mon spinner devant une grosse masse d'herbier et BAAAMMM un monstre vert sort de son trou et plie ma canne en deux! Ca n'a pas trainé!!! On sait désormais dans quelles zones ils squattent et la journée sera fort sympathique! 
On enchainera quelques poissons de taille correcte et j'aurais même la chance de faire un bass à petite bouche!


Pour notre dernière journée c'est rebelote, on reste sur nos idées de la veille et même si la pêche commence à être de plus en plus difficile je me ferai plaisir avec ces deux derniers bass Québécois dont un de 52 qui m'envoya me baigner afin de l'extirper des branches dans lesquelles il avait trouvé refuge! Trempé mais content! Je me revoie encore entrain de gueuler:
-"Thomas!!!! Cossec!!!! J'en ai un beau là!!!!"
-"Mais t'es où?"
-"Dans l'arbre!!!! mais non pas celui-là; celui qui est dans l'eau!!!!"
Un grand moment....


Encore une fois je vais me répéter mais ça passe très/trop vite et nous sommes déjà entrain de faire nos au revoir à notre cher Thomas! Il nous reste encore 2 jours de pêche au Québec et c'est en compagnie de Jean-Simon que nous donnerons tout ce qu'il nous reste pour finir notre séjour en beauté!
Merci beaucoup Vince, Thomas, vous êtes formidables!!

mercredi 3 février 2016

Québec le retour! épisode 2: MUSKY







    
    Sur la route, le ton change, le ciel devient plus noir, les nuages plus menaçants. Les visages se crispent et les muscles se tétanisent. Notre cap dérive vers un autre monde. Les cannes à mouche souples et les streamers ridicules sont remballés.
Place à la violence, à l’agressivité, à des centaines de dents tranchantes prêtes à déchiqueter n’importe quelle ombre faisant office de proie.
Nous partons à la rencontre de cette force effrayante des eaux sombres du Québec qui m’a laissée un souvenir immortel ; celui du sursaut, de l’hésitation face au combat et bien sûr celui d’une sensation unique. Celle de ne plus rien maîtriser.
La pêche du maskinongé appelé musky côté anglophone est spéciale. Apparentée à celle du brochet elle demeure tout de même bien plus physique. Les leurres pour la traque de ce poisson pèsent entre 100 et 500 grammes, les cannes et moulinets utilisés se doivent d’être très robustes et par conséquent bien lourds. Quant à l’attaque de ce poisson, elle est souvent déclenchée par une vitesse d’animation très rapide.
Pour en rajouter un poil, ici au Québec on le surnomme le poisson aux 1000 lancés. Patience et acharnement seront de bons alliés pour tenter de voir le visage de ce monstre mystique.
Sam, que j’ai rencontré l’an passé nous attend pour une semaine de pêche. Je vous laisse donc imaginer la journée type. Lancer des parpaings avec des manches à ballets le plus loin possible et ramener comme un cabourd. Et ça, pendant une semaine….
Arrivés sur place, rapide visite de notre nouveau logement : un petit chalet perdu dans une ripisylve bien dense à quelques pas d’une mise à l’eau donnant sur l’immensité du fleuve Saint Laurent. Nous sommes surexcités au plus haut point. A force de parler de ce poisson et de ressasser toutes les histoires de fous à son propos nous en devenons malades. L’adrénaline ne fait que monter, nos mains, nos doigts, nos genoux, nos cheveux tremblent. Sam nous raccroche à la réalité d’un :

– « Bon les boys vous êtes prêts ?!!!! »
C’est donc parti pour un coup du soir.
On prend une canne chacun, trois leurres et GO !!! En deux secondes le bateau est à l’eau et le moteur thermique ronronne vers les premiers spots.
Sur le chemin, notre capitaine nous explique le programme des journées futures. En fait nous alternerons entre pêche à la traîne et du « cast ». En gros la traîne nous permettra de couvrir du terrain pour repérer les poissons et accessoirement nous reposer. Puis sur certaines zones bien marquées nous pourrons lancer et lancer encore jusqu’au démembrement. "Ok, ça nous va !"
Le fleuve est vraiment impressionnant, on a du mal à évaluer sa largeur. D’énormes navires passent en plein milieu, tentant d’éviter les bancs de sables de la voie navigable la plus dangereuse au monde.

Lentement nous arrivons dans un renfoncement plus sauvage. Le courant est bien moins soutenu. C’est le moment de faire nos premiers lancés. On règle le frein des moulinets et l’échauffement des épaules poignets coudes abdos dorsaux, tout le corps QUOI est bien entamé !

Les conseils de Sam sont assez expéditifs : -«  Lance loin et ramène le plus vite possible… »
Ah oui, ne surtout pas oublier la figure 8 avant de sortir le leurre de l’eau. En cas de follow (suivi), restez quasiment immobile, maintenez une allure constante, plongez le scion de la canne dans l’eau et faites faire un demi-tour au leurre en direction de la gueule du Musky. S’il ne prend pas au premier passage, continuez de remuer la soupe en faisant de grands 8.

Si le poisson s’empare du leurre, envoyez un ferrage musclé, appuyez sur la gâchette du moulinet pour libérer du fil en maintenant la pression sur la bobine avec le pouce. Vous m’avez compris ??
Même si j’ai réussi à le faire l’an passé, j’imagine l’embrouille dans ma tête si ça arrive à nouveau. Il va falloir garder son sang-froid et faire preuve de lucidité…
On pêche désormais depuis une bonne heure sans observer la moindre activité. La nature semble très paisible. De nombreuses oies bernaches se sont posées au loin quand j’entends « Follow, follow !!!! » Sam nous fait signe de ne surtout pas bouger, il se baisse légèrement, entame sa figure 8 et dans un énorme remous envoie un ferrage de bucheron qui débutera un combat de folie. Sa canne est pliée, le poisson se débat à 1m50 du bateau. On hallucine de la violence de l’action.

-« Le net, le net !!!! » Bordel c’est l’épuisette le net ! Cossec se jette dessus, la plonge dans l’eau pile au moment où Sam remonte le poisson et c’est dedans !!!! YEEEESSSSSSSS !!!!
Nos cœurs battent super fort, l’adrénaline nous submerge. Il faut maintenant faire vite, les muskys dépensent énormément d’énergie durant les combats. Sam coupe avec une grosse pince les branches des triples pour libérer le poisson sans dommage. Il fait ça avec le fish dans l’épuisette, dans l’eau. Ensuite il le sort avec précaution. Mesure, photo et ré oxygénation. Le poisson a dû rester hors de l’eau moins de 10 secondes. Ca va très vite, on a du mal à suivre.
Sans aucun souci le monstre repart dans son élément. On prend le temps de s’assoir, on en a bien besoin. Une bière fraîche nous permettra de nous poser, de relever la tête et d’admirer le cadre magnifique dans lequel nous avons la chance d’être. C’est beau, c’est à nouveau calme mais maintenant on en est sûr ; nous sommes dans une véritable arène.
Il est temps de rentrer doucement en pêchant à la traîne. On va se caler au chalet manger une bonne grillade et se coucher de bonne heure !

Le lendemain, on attaque très tôt et à la traîne. On a pas mal de nouvelles zones à prospecter. Deux gros jerks nagent à des profondeurs différentes pour accentuer nos chances de prise.
Au bout d’une heure et demie de balade, les membres engourdis, notre somnolence est brisée par le frein du moulin qui se met à hurler ! ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ
Sam se jette sur la canne, envoie un ferrage et passe la canne au Cossec !  Il est aux anges ! Tant bien que mal il amortit les gros coups de tête du poisson, enfin du monstre. J’ai déjà l’épuisette en main prêt à récupérer le bestiau. Il est énorme, on n’en revient pas. Dans ce genre de moment tout va très vite, la moindre erreur peut s’avérer fatale mais c’est sans embuche qu’on arrive à maîtriser ce fabuleux maskinongé. FADA! On éclate de rire face à la longueur de l’animal. Ils sont deux à le tenir pour la photo. C’est n’importe quoi, cette pêche rend bête!! J'hurle, je danse, je bave.
Le ton est donné, on sait qu’ils sont bien là; affamés. On décide de pêcher une grande zone d’herbiers. Le moteur est arrêté et le vent nous permet de dériver lentement. C’est le moment de balancer du gros leurre !
Plllouff, pllloufff, la zone est littéralement bombardée par nos lancés répétés. Cossec crie « poisson ! », ça bataille pas mal mais c’est bizarre… C’est en fait un achigan à petite bouche qui est venu taper dans son leurre. Quelle voracité !!!
La folie continue et continuera comme ça durant trois jours, trois jours à peu près identiques. Pas mal de poissons seront pris à la traîne dont une maman sortie de la préhistoire. Sam nous donnera une vraie leçon en figure 8 et des brochets avec les yeux plus gros que le ventre viendront me consoler.
C'est fait!! La voilà sa mère!!! 




Je revois encore la tête d’Arnaud lors des follows, il semble à chaque fois hypnotisé par la pression qu’impose de tels suivis. Faut dire que c’est très stressant, on ne sait jamais quand ça va arriver et quand sous vos yeux un poisson d’1m30 vient coller son nez à votre leurre croyez-moi, vous en avez les fesses qui font bravo !
On arrive aux derniers jours de la semaine et malheureusement pour nous les conditions climatiques vont subir de gros changements. Un front froid accompagné de vent et de pluie nous décidera à changer de zone. Le fleuve Saint Laurent est grand, infiniment grand. Une fois de plus nous profiterons d’un cadre magnifique et d’une ambiance de folie sur le bateau de Frank !!
Merci Frank!!
Le mauvais temps finira quand même par nous rattraper, on vient de perdre plus de 10 degrés et le vent du nord nous ordonne de fuir ; ça tombe bien on part chez Thomas, à environ 400 kilomètres pour la suite de notre aventure !

Cette semaine sera passée comme un coup de pied au cul. Autant pour la vitesse à laquelle elle aura défilé que pour la violence éprouvée durant le séjour. Ce poisson c’est de la folie, sa pêche est vraiment à part.
 On en veut plus !! J’en oublie même que je n’aurais pas eu la chance de capturer un musky en une semaine intense. Ça remet les pieds sur terre et ça montre aussi que même au Québec il ne suffit pas de tremper un leurre dans l’eau pour faire du poisson. 
Ceci dit, on aura vu des monstres et pour chaque prise le plaisir fut partagé dans tout le bateau.
La pêche du musky c’est un travail d’équipe mais croyez-moi, je n’ai pas dit mon dernier mot !!!
Un grand merci à Sam  pour ces longues heures magiques passées au bord du fleuve!