mercredi 4 mars 2015

Backing






        Hier, 12h30 la semaine surchargée de taf s’achève enfin ! Un grand besoin de s’aérer la tête m’envahit.
Machinalement, j’entasse le matériel dans un grand sac : cuissardes, sac à dos, épuisette, casquette, bouteille d’eau et bien sur ma canne mouche spécial « endroits encombrés » (8’6, soie de 10 et bas de ligne 35 centièmes). Pour faire court, du matériel de bucheron pour s’attaquer à de la grosse mémère énervée.
La route se fait sans encombre, son à donf et cheveux qui bougent au rythme de la grosse caisse. Un retour en arrière musical avec le premier album de Korn.



Arrivé sur place, le temps est idéal. Il a plu toute la matinée et le vent s’est levé faisant partir l’épais voile nuageux. La pression atmosphérique est bien basse ce qui met habituellement les carpes en appétit .
En effet je n’ai pas le temps de les chercher qu’elles sont là, de partout entrain de fouiller le sable près de la bordure. 


Les tremblements me gênent, j’ai du mal à accrocher la mouche sur le bas de ligne! J’opte pour une superbe imitation de larve d’insecte montée par Thomas Guyard,  expatrié au Québec.
C’est bon, je suis prêt !
La première cible se situe en contrebas d’une berge rocheuse très glissante, le moindre faux pas m’entrainera dans l’eau anéantissant toute forme de discrétion.
Je joue les équilibristes, approche la belle. Elle se goinfre et n’a pas capté ma présence. Lancé arbalète, une petite animation et la voila qui fonce sur ma pauvre mouche. 
Sans hésitation elle s’en empare. Je lui réponds par un bon ferrage et c’est parti pour 50 mètres de déroulage de soie puis de backing ! ZZzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz!!!









Malgré l’eau froide elle a du gaz et envoie sévèrement le pâté jusqu’au moment ou elle réussi à se décrocher… Damned !
Rrrr on va dire que c’est un bon début…
Vingt mètres plus loin c’est rebelote, 5 carpes sont en plein diner. Pour mesurer leur agressivité, je m’amuse avec les plus petites en les faisant pister avec des animations rapides. Elles sont bien énervées de ne pouvoir s’emparer de cette larve inconsciente !


Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir choisir mes poissons. Je ne suis pas là pour faire un score mais plutôt pour décider les fishs les plus difficiles.
Un des rares jours de l’année où les grosses sont accessibles.
D’ailleurs voilà un tonneau de chez tonneau qui vient de sortir des rides de la surface. Je lui propose une imitation de maïs vert fluo, oui c’est la mode des années 90 qui revient mais qui me permet d’y voire quelque chose avec ces conditions (le vent souffle en rafales de plus en plus fortes et l’eau se trouble). 
Donc elle s’en approche, fouille juste à un petit centimètre derrière la graine de plastique. J’ai juste à attendre donc j attends et comme un aspirateur bien réglé elle avance et se fait prendre au piège, le maïs n’est plus visible, je ferre, elle se retourne violement et démarre comme une fusée, c’est rare pour les gros poissons qui sont d’habitude plus typés diesel.  La soie fuse, c’est toujours impressionnant ! Mais soudain un gros coup de tête et plus rien… Elle a cassé mon bas de ligne… AAAAAHHHHHHH !!!!
Remise en question oblige j’ai peut être tenté d’un peu trop la brider.  Le réglage du frein est à gérer aux petits oignons !
Allé on continue, une petite anse protégée du vent me permet d’approcher un autre groupe de poissons, de taille modeste cette fois mais ces poissons d’environ 5/6 kilos ont un jus d’enfer, je remets la mouche de Thomas et bingo j’en enchainerai deux en dix minutes. Combats de malade pour la saison.  La première était tellement dingue qu’elle a dégainé  quelques chandelles.. Du jamais vu !







Et voilà la deuxième, on croirait des jumelles!









 C’est en confiance que je peux désormais me concentrer sur les plus gros spécimens qui évidement sont calés au milieu du cours d’eau, dans les zones inaccessibles et profondes avec bien sur des arbres noyés a volonté !
Oupela en voilà une qui ne fait pas rire, elle se gave ardument sur le fond, aspire, trie, recrache, avance de quelques centimètres et recommence son processus. J’attends qu’elle soit placée sous le meilleur angle et lui dépose mon imitation de graine fluo sous le nez. Elle repère la chose et la gobe sans chichis. Booooooommm ! C’est parti !!! Yiiiihaaaaaaa !
Gros combat musclé de cinq bonnes minutes et c’est dans l’épuisette !!! C’est magique ! Piquée sur le coin du groin avec un hameçon sans ardillon j’essaie de la manipuler et de la stresser au minimum..  Les photos sont prises automatiquement, tout est préparé à l’avance pour la relâcher au plus vite.  D’ailleurs elle est déjà repartie dans son élément.







 Après ces émotions on est où ? Déjà trois poissons au panier, j’aimerai finir sur une grosse mémère et pour cela il me faut rejoindre les zones les plus encombrées et ne pas me laisser tenter par les poissons moyens. Dur dur...
En avant pour un mode chasseur/militaire/indien (oui je l’accorde ça fait un peu village-people). Ramper, jouer du sécateur, faire de longues poses sur des postes bien marqués et attendre le moment , the moment !
Quelques minutes passent, de quoi se fondre dans l’élément, admirer cette ripisylve quasi naturelle, plénitude quand tu nous tiens ! Je m’avance sur un vieux tronc surplombant une berge creusée, il doit y avoir 1m80 de profondeur mais l’eau y est claire. Trois caudales dépassent de la sous berges, témoins d’un gueuleton entre gros voir même très gros poissons. Malheureusement je ne peux rien faire, elles sont hors de portée.
Je profiterai quelques instants du spectacle jusqu’à ce que deux autres poissons attirent mon attention. Je change donc d’endroit pour les approcher. Sous mes pieds la berge semble creusée d’un bon mètre ce qui permet à ces deux carpes de disparaitre complètement. L’une d’entre elles se met à fouiller le fond. C’est la plus petite mais elle doit avoisiner les 15 kilos… Rien de tel pour faire monter la pression!


La situation est simple j’ai juste à laisser couler mon imitation de graine à la verticale et comme pour le précédent fish je n’aurais qu’à attendre. Ça y est elle s’en approche, la mouche disparaît, je ferre instantanément mais elle ne se pique pas et avec l’élan elle finit coincé dans une branche 2m au dessus de ma tête !!! Arfff quel couillon ! Les situation les plus simples sont parfois les plus compliquées… Mais j’ai de la chance, la carpe n’a rien vu..
Je recommence mon cinéma après avoir joué les singes débiles. Elle se rapproche, la mouche disparait, je ferre et vous savez quoi ?? Je renvoie la mouche dans l’arbre…. Quel blaireau !!!!
Dans mon malheur j'ai quand même un sacré bol, la carpe n’a toujours pas bougée et continue son repas..
Troisième chance ! Cette fois ce sera la bonne, suite à mon ferrage la grosse démarre et cherche directement à rejoindre les arbres noyés. Ah non !!! ça ne va pas se passer comme ça ! je serre le frein et contient le poisson dans un rayon de dix mètres, la déséquilibrant à chaque coup de nageoire. Je la maintient près de la surface, mon épuisette est prête et avec un gros coup de chance j’arrive à la mettre dedans sans qu’elle n’ait pu livrer sa bataille comme il se doit ! Superbe entourloupe ! Elle n’a rien captée et se débat maintenant, remuant les sédiments mais c’est trop tard… heureusement pour elle trois photos et c’est finit !







La pression retombe. Je suis claqué!  Les ayant assez embêté je décide d’en rester là. Il y aurait encore tout un tas de poissons à piquer mais ce coin mérite désormais le calme.
Je m’efface et prends la route du retour, des images plein la tête.