lundi 29 avril 2013

Mosquito's river

zéro trucage

            A la pêche il faut y aller, et j’y vais souvent ! Avec ce climat changeant, ces conditions bizarres, il faut s’adapter, sortir le matos et crapahuter !
Petit à petit on y arrive le printemps pointe son vieux nasal deux/trois jours et repart aussitôt nous laissant ainsi en bouche le goût estival des olives à la picholine.
 La nature elle n’attend pas. Tout accélère, les feuilles, les fleurs, les œufs, les larves. Les poissons le savent, la nourriture abonde. Généreuse mère nature parsème les courants d’une multitude de petites victuailles. Les carpes se gavent, s’empiffrent le long des berges,  le spectacle en est presque… magique.
Les dernières crues avaient amenés les poissons à se nourrir en cul de pool, c'est-à-dire au fond des zones calmes, là où le courant est quasi nul, là où la nourriture tombe... dans le bec… Quelle bande de féniasses ces carpinettes, ce jour là je n’ai eu qu’à faire un choix, le choix de la plus grosse. Et hop, petite présentation : aussitôt proposée aussitôt avalée.. Mauvaise pioche madame !



 Un jour beau, un jour pas beau, ah c’est le jour  « beau » : Petite sortie entre midi et deux histoire de tremper de la soie dans un cours d’eau « poubelle ». Quelle faculté d’adaptation ont ces poissons, c’est impressionnant de pouvoir vivre dans de telles conditions. Chevesnes et carpes se partagent la rivière ou plutôt ce canal interdit de ripisylve où s’écoulent nos eaux usées. Cet endroit montre les dégâts provoqués par nos activités sur le milieu mais démontre aussi la ténacité de certaine espèces à survivre. 








La saison le veut, "elles ont du jus" comme on dit !! 









 












 Celle-ci m’aura sorti une cinquantaine de mètres !!! Chapeau bas !

*Backing: réserve de fil située après la soie. 


    Quelques jours plus tard je décide d’aller sur un « spot » carrément plus naturel. J’y ai laissé les carpes tranquilles tout l’hiver, il est temps d’aller voir ce qu’il en est !
Une fois sur place je ressens une drôle de sensation, à peu près la même que celle qu’on a quand on sort d’un avion dans un pays tropical. La chaleur et l’humidité, les gouttes perlent sur mon front, mon slip en est devenu collant, quel mauvais présage. Soudain un son aigu et très désagréable se rapproche, je reconnais ce son, des "moustagasss"! Des dizaines de moustiques ont du repérer mon odeur parmi celle des taureaux et autres castors. Je suis dans la m…
Je progresse tant bien que mal sur une berge détrempée entre vase et végétation aquatique. Entre trois moustiques j’aperçois la rivière, elle est magnifique, cristalline, les niveaux sont bien hauts, le débit puissant et les poissons vagabondent !
Les difficultés sont au rendez-vous. Comment approcher des poissons discrètement quand on est accompagné par des nuées de moustiques??
J’ai l’impression d’avoir des tocs, de temps en temps j'envoie un coup de canne dans les airs, en vain. Ils me démontent ! La galère continue, j’en suis à deux beaux poissons de ratés quand je vois une caudale sortir de l’eau. Cette nageoire est impressionnante. Je me dépêche de m’équiper d’une veste malgré cette chaleur pesante. "Je n’ai aucune envie de me foirer alors pour les Mosquito’s c’est open’ bar ! Je ne broncherai pas !"
La carpe est en bordure, elle est hyper active, mange un coup par ci, un coup par là.. L’approche est parfaite, je suis à trois mètres d’elle, ma fausse graine dans la main, mon lancer arbalète prêt à être exécuté. Aller, plouc ! La graine le l’intéresse pas, elle l’ignore: surement un poisson éduqué.
 Mais j’insiste, elle n’a pas l’air effrayée par les pausés que j’effectue mais elle se décale sur la gauche, elle se détourne de la berge pour prendre le large alors je tente le tout pour le tout dans un dernier lancer.
Le plus délicatement possible je dépose ma mouche à dix centimètres de son groin, par chance et surement par réflexe, elle aspire !! Je n’en reviens pas ! J’attends d’être sur qu’elle referme sa gueule et CONTACT !!!  Je suis accroché à la canne comme au guidon d'une bécane de sport, ça envoie du bois!  La soie sort du moulin en découpant la surface à grande vitesse, les coups de tête émis par la bête commencent à me faire comprendre que ce n'est pas gagné! Le frein du moulinet est chirurgicalement réglé  mais le fil continue de dérouler. Je suis depuis bien longtemps sur le backing.
La carpe est désormais loin, très loin, mais toujours au bout ! Je prends mon temps tandis que les moustagas me prennent le pouls.


Un poisson comme celui là ça dépote !!!!
Les minutes défilent mais on y est, la mémère finira par se rendre, quelle lute enragée ! Comme à mon habitude j’explose de joie et d’admiration devant ce poisson ! Les sensations m’envahissent, sueur, démangeaisons, je suis comme abasourdis par ce combat et quel combat !!
Place aux images, à cette réalité qui devient tout à coup virtuelle.
A très bientôt!








lundi 22 avril 2013

Big Mouth Bass...




Ça n'a pas encore commencé que c'est déjà fini!!... L'eau a atteint la température fatidique, place à l'accouplement! Sur les zones qui se réchauffent vite les black bass sont sur les nids, en bordure en mode AGRESSOR! Il faut donc les pêcher mais juste avec les yeux... Le 1er mai retenez vous, allez plutôt détartrer monsieur brochet, madame perche monsieur chevesne... Bref pour le bass il va falloir attendre Juillet!!

            Après cet hiver sans fin nous y voilà, en quelques jours les bass sont passés du mode léthargique à l’émulsion hormonale entrainant une fringale typique de cette période : la « prespawn » en Français : l’avant reproduction.
Ce qu’il faut y comprendre est très simple : tout se joue en fonction de la température et ce pour tous les poissons et plus généralement pour tous les organismes à sang froid.
A telle température ils se réveillent, à telle température ils mangent, à telle température ils se reproduisent.
Il y a bien évidement des variantes, des adaptations, quelques variations mais en gros pour les black bass entre 15 et 18 degrés c’est parti !
Le mâle creuse ou plutôt nettoie un nid à moins de 80 cm de profondeur sur un sol « propre », de graviers de préférence ou plus rarement sur un tronc immergé… De là, il devient très agressif, se met en mode « oeil rouge et si tu passes par là j’ te dégomme ! »
Les femelles tournent, choisissent, un mâle, pondent, se cassent manger et abandonnent papa avec les petits qui naissent et qu’il faut protéger. 
Papa joue aux garde du corps, vigile, berger, papa fait en sorte d’optimiser le nombre de petit bass survivants.
Cette période est critique, bon nombre de prédateurs rodent autours de sa progéniture et il n’hésite pas à se mettre en danger, son instinct le pousse à devenir encore plus agressif et territorial que ce qu’il l’est habituellement.
Pour les pêcheurs ça pourrait sembler être le paradis, les poissons sont là, en bordure et attaquent tout ce qui leur passe a portée. Et bien NON, il faut savoir ce que l’on veut !
A nous, fanatiques de l'écaille, fada des cours d’eau, amoureux de la nature, de comprendre que si l’on veut continuer à pêcher ce poisson dans ce pays il va falloir le laisser faire des petits…
En France, 2 espèces de poissons sont protégés par une période de fermeture ayant pour but de les laisser se reproduire tranquillement : la truite et le brochet... rooo la chance!
L’ouverture du carnassier tombe chaque année sur la fraie du black bass et malgré de nombreux efforts la loi ne change pas....roooo pas d'chance!
Chaque espèce devrait avoir son petit moment au calme mais ce n’est pas le cas alors soyons moins cons, prenons des initiatives et montrons que le pêcheur, lui aussi malgré tout ce qu’on peut lui reprocher est doté d’un cerveau !

         Ce printemps je suis allé pêcher le bass aux leurres dans un petit canal : premier lancé... premier poisson... Ça fait plaisir ! 



Puis j’y suis retourné avec des potes, Adrien et Wil, ce coup-ci dans une carrière en extraction en piteux état. Un seul poisson est sorti d’une eau déjà bourrée d’algues filamenteuses mais quel poisson ! Une grosse femelle tout droit remontée des zones hivernales !

Je l’ai aperçu en surface à trois mètres de moi. Je pensais être repéré mais non, cette grosse femelle maraude à la recherche d’une proie ! Je change mon spinner pour un leurre de surface, un lancé , quelques twitch en surface mais rien, le bass s’éloigne et les reflets m’empêchent de le suivre des yeux. Je change de nouveau de leurre pour un leurre souple, une écrevisse montée sur hameçon weedless. Je lance à  20 mètres le long de la berge, je laisse couler. Une fois au fond, j’anime le leurre en « stop and go ».
Je fais de longues pauses fil tendu. Les yeux rivé sur le fil, je vois ce dernier se déplacer, le leurre a était aspiré, je prends contact, sens le poids du poisson de l’autre côté et envoie un gros ferrage !  
Ce masta bass a succombé à mon écrevisse !   
Il monte en surface pour sauter, je redoute ce moment car j’écrase mes ardillons et les bass sont les rois du décrochage ! J’arrive tant bien que mal a gérer la bêstiasse ! Sa gueule est énorme, je la sors de son élément pour le souvenir et la relâche vite fait, elle avoisine les 50 cm peut être plus peut être moins mais ce qui compte c’est l’adrénaline qu’un tel poisson peut procurer !!Pas étonnant que les Américains et les Japonais soient marqués au fer rouge par ce fish!
le Black bass est un prédateur, un vrai!


Le lendemain, petite virée sur un autre spot très peu profond où l’eau se réchauffe vite, les poissons sont bien là mais mes leurres resteront au sec. Les mâles sont sur les nids alors il est temps, temps de leur donner rendez vous dans quelques semaines voir quelques mois, temps d’aller détartrer d’autres espèces qui ne se sont pas lavées les dents de tout l’hiver !